La voiture est chargée, direction les Landes et ses grands lacs; mon terrain de jeu favori.
J'aime cette ambiance du départ, que ce soit pour pour une destination inconnue ou encore celle qui obsède mes pensées depuis maintenant plusieurs années; tant par l'immensité et la beauté des lieux que par la taille des poissons qui y nagent.
Je crois n'avoir rien oublié... matos de pêche, bivouac, appâts en grande quantité, bateau, batterie, etc... Je n'ai pas le droit à l'erreur, le moindre oubli sur ce type d'eau peut avoir de grandes conséquences. De plus cette année,la route sera bien plus longue que d'habitude . Voilà en effet sept mois que j'ai quitté ma Charente pour rejoindre ma nouvelle région.
J'ai donc 6 bonnes heures de routes devant moi. Tout le temps de voir et revoir dans ma tête les plans prévus pour cette nouvelle session. Mais où vais je m'installer ? y aura t 'il du monde sur le lac ? Les poissons seront-ils en activité ? J'ai beau avoir une bonne connaissance et expérience de ma destination, une intérrogation m'obsède par dessus tout cette fois-ci...avec l'hiver et les semaines précédentes anormalement chaudes, les poissons ne seront-ils pas en train d'accomplir leurs rituels migratoire vers les zones de frayères. Je sais que si c'est le cas, la pêche sera dure, trés dure...
Chaque année, ma première session dans les lacs landais m'offre son lot de beaux poissons; mais qu'en sera t' il cette année ?
Petit retour un an en arrière...Avril 2006Je range mes affaires, heureux mais avec un noeud dans l'estomac. Je viens en effet de connaitre une de mes plus belles sessions sur ce lac immense et quitter un poste alors qu'il vient de me rapporter une quinzaine de +17 kg (...je ne me souviens plus exactement...j'ai arrêté de tenir un cahier de prises, une erreur peut être) ne m'enchante pas plus que çà. Mais cela fait 12 jours que je suis sur le lac, et même les meilleurs histoires ont une fin.
Après un ultime poisson alors que seules les cannes restent à plier; puis un dernier café avec mon partenaire de pêche qui lui restera une semaine de plus, je dois me résigner à quitter les lieux. Mais le prochain rendez vous est déjà pris...ce sera l'an prochain, même heure, même jours, même endroit ...place des grandes carpes ... plein d'espoir et de rêve de renouer avec une telle réussite.
Retour en 2007Nous y voilà donc, je suis enfin sur les lieux de mon précédent séjour. Cédric, mon équipier n'est pas encore arrivé.
Sur la partie du lac que nous avons choisis, un seul pêcheur est en poste...bonne nouvelle. Il s'agit d'un pêcheur que j'ai connu sur un autre lac à 200km de là. Le monde de la carpe est petit et tout se sait trés vite...il a eu échos de notre pêche de l'année précédente, et moi de la sienne aussi, puisqu'il avait réussi la capture d'un magnifique poisson (25+) bien connu des habitués des lieux. Bien que pas installé sur le poste que nous occupions l'année précédente; à en juger la position de ses repères, il tend ses lignes sur les mêmes hots spots...nous devrons donc nous orienter vers un autre secteur; mais cela n'a que peu d'importance. D'autant plus que cela fait 48 heures qu'il ne touche plus rien. Etrange pour cette partie du lac aux poissons habituellement sédentaires sauf à l'occasion que je redoutais par les conditions météo actuelle...la fraye!!
A l'arrivée de Cédric et après un rapide tour du lac (pas moins de trois /quatre heures tout de même avant de faire notre choix), nous nous orientons vers un secteur qui m'avait bien réussi trois ans auparavent alors que les poissons se préparaient également à frayer. J'y avais capturé plusieurs mâles 15+ plein de laitance et la seule femelle de la session était remplie d'oeufs et dépassait enfin le cap des 20+. En l'absence de manifestations des poissons, nous choisirons un poste en milieu de ce secteur...bordé de roselières et à proximité de possibles zones de reproduction.
Il est déjà tard et le temps de rejoindre le poste en bateau avec tout le matériel et les bateaux chargées ...nous n'aurons pas le temps de placer les lignes ce soir sans se faire trop remarquer. :masqué: Et oui, j'avais oublié de préciser, il n'y a évidemment pas de pêche de nuit et le camping sauvage est interdit...ma dernière session sur ce secteur du lac s'est soldé par vous devinez quoi...une petite visite pas trés amicale nous demandant de quitter les lieux (cela aurait pu être bien pire et nous avons bien eu de la chance; ce qui n'a pas été le cas d'autres carpiste qui avaient choisi de rester malgrès l'avertissement).
Pour ce soir, nous nous contenterons donc d'amorcer sur une grande surface en éparpillant trés largement 12 kg de billes 24 et 30 mm de 50 à 300m du bord. Cela peut paraître énorme, mais nécessaire pour stopper et retenir un minimum les poissons en vadrouille sur cette partie du lac aux fonds assez monotones.
J'ai un ami anglais qui m'expliquais que si il n'existe pas de zones d'alimentations ou de passages réellement marquées; alors il te faut la créer. Pour cela, de grosses quantités d'appâts sont nécessaire. Cette méthode qui a fait ses preuves est selon moi une des meilleurs pour aborder ce type de lac. Cela n'enlève rien à l'importance du repérage, mais constitue une solution qui m'a souvent réussi. Il faut savoir aussi qu'il n'est pas rare de capturer de gros gardons sur des doubles 24mm...alors devinez ce qu'il advient d'un amorçage trop concentré et restreind...
Nous profiterons de cette amorçage en bateau pour marquer quelques points au GPS (un joujou dont je me suis servi ici pour la première fois et qui n'est pas près de me quitter tant il rend de précieux services). Pas de repéres (le seul posé nous sera piqué par un plaisancier pas moins de quelques heures après sa dépose), cannes camouflées, bivouacs en retrait dans les bois...nous voilà d'attaque pour une session ninja...
Première nuit, les cannes ne pêchent pas mais cela ne nous dérange pas plus que cela...L'amorçage devrait mettre quelques poissons en confiance...Nous prenons un premier petit jaune pour fêter nos retrouvailles...et discuterons jusque tard dans la nuit.
Le lendemain à la pointe du jour, nous tendons enfin nos cannes. De grosses brèmes semblent avoir pris position de l'amorçage et trahissent leur présence par de nombreux marsouinages. Mais pas le moindre signe d'activité de nos chers cyprins.
Mercredi 25 Avril...Ce matin, je me lève toujours rien... deux nuits, rien à l'horizon...pas bon! :suspect: hormis un gardon hors norme qui se piquera sur une de mes cannes esché d'une double 30 mm . :affraid:
Je regarde mon portable, il est 9h30, j'ai trop bien dormi. Mon regard se fixe sur la date...le 25 avril!! Mince, l'aniverssaire de ma femme!! cela fait deux ans de suite que je pars à cette date. Cette année au moins, j'y pense et lui passe un coup de fil ...vous imaginez la soupe à la grimace à laquelle j'ai eu droit l'an dernier en rentrant. J'avais vraiment oublié son anniversaire pour ne l'appeler que trois jours plus (trop) tard.
( nb: par ces lignes je tiens à la remercier de sa patience et lui redire que je l'aime...plus que la plus grosse de nos carpettes je vous rassure!!)
Retour à nos moutons...
Je decide de refaire un "tour" (en voiture car à pied...il me faudrai deux jours!!) du lac à la recherche du moindre indice de présence des poissons. Il ne me reste plus que deux nuits de pêche et si les poissons ne semblent pas vouloir venir à moi, il va nous falloir aller vers eux...je rejoind ma voiture à 4 km de notre poste. Je ne suis pas le seul à la recherche de ce signe de providence. Mes contacts au téléphone postés ailleurs sur le lac sont également capot. Je croise également un carpiste local capot depuis 48 h alors qu'il pêche un bon poste entretenu depuis 15 jours...Pas de quoi remonter le moral. Tout le monde se pose la même question...où sont donc passé ces poissons ? Il me semblent impossible qu'ils aient déjà tous gagner les frayères. Un ami qui vient de faire 24 heures dessus une zone potentiel n'a pas vu la moindre carpe non plus.
Sans indice supplémentaire et vu l'avancement de la journée, je rejoind Cédric resté sur notre poste pour y faire une nuit de plus. Vous savez ce que l'on se dit dans ces conditions...le fameux "çà va bien finir par renter"...Généralement, quand on se pose cette question; il est déjà trop tard et on est bien souvent assez mal barré.
Jeudi 26 avril...Encore une nuit...capot! Il ne me reste que 24 heures sur le lac pour enfin toucher un poisson. A vrai dire, je commence à desespérer. C'est décidé, je bouge...mais pour aller où?
Le soleil se léve le lac est lisse comme un miroir. Debout sur un tronc j'avale un café et scrute à l'horizon le moindre signe d'activité. De cigarette en cloppe, j'attends et ne vois toujours rien. Tout à coup, je crois halluciner! Là devant moi dans 50 cm d'eau, alors que la cassure se trouve à près de 100 mètre du bord ( typique des lac landais...plage de sable fin en pente douce avec moins de 1m d'eau sur de grande distance), c'est bien une carpe!...une grosse en plus, qui s'en ira aussi discrètement quelle est venue vers la roselière à ma gauche.
Je suis maintenant face à un dilemme...bouger alors que je viens enfin de voir une carpe après 4 jours de pêche.
Je cours annoncer ma vision à Cédric qui dors encore. La tête dans le c..., il ne me croira qu'à moitié. Lui aussi avait en tête de bouger pour éventuellement revenir sur ce poste . Le veinard reste en effet une semaine de plus que moi sur le lac.
Avant de se décider, je passe un coup de fil à une équipe en place à l'opposé du lac. Et là, enfin la bonne nouvelle tant attendue. Ils viennent de toucher un poisson et ont vu de l'activité sur leur secteur. C'est les premiers signes qu'ils observent depuis quelques jours. Le léger refroidissement, l'averse et le vent qui semble enfin se stabiliser dans leur direction n'y sont certainement pas étranger. C'est décidé ont bouge...direction le poste de cette équipe qui part en fin de matinée...
Bateaux rechargés, déchargement, chargement voiture, 20 km plus loin...rebelotte!regonflage bateau redirection ce nouveau poste...tout çà en moins de 2h30!!
Rapidement, mes quatres lignes sont placés grâce à l'écho entre de superbes herbiers...mais surtout grâce au GPS et aux coordonées de spots productifs enregistrées par Cédric l'année précédente sur ce poste! Qu'en je vous disais que cet outils est bien plus qu'un gadget!
Cette fois ci, je pêcherai au spot...4 cannes, 4 spots, qui reçoivent chacun 1 kg de billes et deux poignées de noix tigrées. J'ai moins de 20 h pour enfin prendre un poisson. Je laisserai mes cannes tendues cette nuit. Cédric lui préfére ne pas prendre de risque. C'est vrai que nous sommes complétement à découvert sur ce poste et que les années précédentes, le garde local nous rendait toujours visite à la pointe du jour. Tant pis, je prends le risque; je ne peux me résoudre à avoir fais 6 heures de routes pour prendre une taule!!
Nous monterons l'abris à la tombée de la nuit...En attendant , nous profitons d'un magnifique coucher de soleil assis devant un dernier verre ...l'apéro de clôture de cette session. Nous traînerons jusque tard dans la nuit avant de regagner nos bedchair.